Dans le conseil municipal, Isabelle Goven investit son désir d'apprendre et de s'impliquer.
Si elle avait suivi les préceptes de son éducation familiale, Isabelle Goven n'en serait pas à son deuxième mandat municipal à Saint-Péran. "Mes parents qui étaient de modestes salariés, se méfiaient de l'engagement politique. Si on se mêle de ça on va déplaire, lui disaient-ils, c'est pas la peine de chercher des histoires. "
Et puis garder l'équilibre entre famille, travail et mairie est difficile. "J'ai un mari en or... Il gère la famille. Mais Il y avait un vrai risque de perdre le contact avec les enfants et c'était hors de question... Alors les conditions pour repartir pour un nouveau mandat nous les avons travaillé ensemble. Au final j'ai pris la décision de ne pas être maire. En revanche je souhaitais pouvoir m'investir davantage à la communauté de commune sur l'action sociale et l'habitat". Ce sont les conditions qu'elle posera à Maurice Renault.
Former les élus pour qu'ils n'avalent pas de couleuvres.
Sur une équipe de 11 élus il sont seulement deux, Isabelle et Patrick Lesec le second adjoint, a avoir une expérience de conseillers municipaux. "Quand on devient conseiller on est paumés se rappelle Isabelle. Pour bien comprendre la mécanique et les enjeux budgétaires sans aucune formation préalable il faut au moins un mandat". Elle se sent une sorte de responsabilité pédagogique envers ses collègues. C'est la raison pour laquelle elle s'est engagée au CA de l'Aric (Association régionale d'information communale) et y défend l'idée d'un renforcement de la formation des élus à la gestion.
Son fort besoin d'implication et son profond désir d'apprendre se sont donc d'abord exprimés dans sa vie professionnelle. Après un Deug de psycho, Isabelle a passé les concours d'entrée en école d'infirmière et d'éducateur. Elle deviendra finalement infirmière, décrochant en fin d'études un emploi au service de médecine palliative du CHP de Saint Grégoire, près de Rennes. Elle a approfondi sa qualification ensuite en obtenant un DU de soins palliatifs.
Pour payer ses études d'infirmière à Paris, Isabelle avait trouvé un travail de remplaçante de week-end au centre de soins à domicile de Plélan Le Grand. La Gimgampaise allait découvrir la richesse du territoire de Saint-Péran qu'elle parcourait pour aller chez ses patients. C'est ainsi qu'elle fit la connaissance de Vincent Régnault, ancien Maire à qui elle apportait des soins.
De Guimgamp à Iffendic, en passant par Paris
Il y a 12 ans, avec son mari, originaire d'Iffendic, ils décident de s'installer à Saint-Péran. Lui est salarié de la communauté de commune. Ils vont vivre comme la plupart des jeunes couples qui ont fait le choix d'habiter en milieu rural : "la route tous les jours pour aller au travail à Rennes, déposer les enfants chez la nourrice à Tréfendel... Revenir tard, avec des horaires atypiques." Dans ces conditions, difficile de se sentir impliquée dans la vie sociale de la commune. "Si des gens du comité des fêtes n'étaient pas venu me chercher pour servir le jambon au banquet de la fête communale, ça ne serait pas venu de moi, se souvient-elle ". Parmi ceux qui lui proposent de venir juste passer un bon moment, il y a Loïck Richard adjoint au Maire de l'époque, Roland Gueblez. "Nous sommes voisins et Loïck partage avec mon mari la passion des anciens engins agricoles qu'ils récupèrent, rafistolent et aiment utiliser. C'est une vrai CUMA des antiquités agricoles" s'amuse Isabelle.
En 2008, sollicitée par les deux têtes de listes
C'est donc Loïck qui va donner à Isabelle le virus de la gestion communale. En 2008 l'adjoint de Roland Gueblez décide de monter une seconde liste. C'était une situation inédite et complexe : le Maire et le Premier Adjoint se divisent et pour la première fois deux groupes d'habitants se confrontent à l'élection.
Isabelle que les deux candidats espéraient sur leurs listes, analyse avec recul la situation : "Ce sont deux hommes très bien qui se sont affrontés plus sur une question de méthode que d'orientation. Ronan, le maire sortant était extrêmement disponible et consacrait beaucoup de temps à la Mairie mais dans ce cas il y a le risque de faire les choses seul et de ne plus prendre de vrais décisions collectives. Bien sûr, poursuit-elle, il y avait quelques divergences d'orientations, budgétaires notamment, autour de la réfection de l'église et aussi peut-être la question de l'absence d'école. Ronan Gueblez maintenait l'espoir d'en réimplanter une. Mais était-ce réaliste après dix ans de fermeture, face au refus de l'académie et en l'absence de locaux qui avaient été vendus ? Aujourd'hui ces questions sont dépassées, conclue-t-elle."
Un portrait tiré
par Alain Jaunault
Un mandat pour apprendre
Donc, pour son premier mandat, Isabelle choisit de partir avec Loïck Richard et est élue conseillère municipale. Femme et travaillant dans le médico-social, elle allait se voir confier - presque naturellement - la délégation à l'action sociale et au CCAS et siégera à ce titre aux instances de la communauté de commune. Mais la responsabilité qui lui tenait alors le plus à cœur c'est celle "du devoir de mémoire" envers les anciens combattants (La fonction de "correspondant défense" tenue aujourd'hui par Bernard Barel). Elle explique ses motivations : "Mon grand-père a passé près de 5 ans comme prisonnier en Allemagne mais nous en a très peu parlé. Alors j'ai toujours été à l'affut de témoignages sur cette époque. D'ailleurs avec des jeunes, j'ai impulsé un vrai travail d'enquête et de collecte auprès des anciens de la commune. On a édité un recueil de ces souvenirs. Mais on ne l'a pas assez diffusé,regrette-t-elle.
En revanche son expérience de responsable du site internet lui laisse un moins bon souvenir. "Loïck pensait que c'était un poste pour une jeune élue, mais je n'y connaissais rien et j'ai beaucoup galéré ! Ce n'est vraiment pas mon domaine de compétences..."
Etre Maire ou pas ?
A l'approche des élections de 2014, Loïck Richard fait part à son équipe de son souhait de ne pas se représenter. "Loïck souhaitait que je prenne la mairie, il m'en avait parlé ", dévoile Isabelle. Le choix pour elle va être difficile. Depuis 2010 elle dirige le service de soin à domicile à Plélan le Grand. "Je n'ai pas d'horaire et je me suis beaucoup investie dans la formation pour avoir une reconnaissance du statut de directrice".